Malgré une faible croissance économique, l’économie crée plus d’emplois mais moins payés.

L'année 2016 a connu une reprise de la croissance qui reste encore fragile. Après un début d’année prometteur avec +0.7% de croissance, l’économie française s’est enlisée dans une période de quasi-stagnation depuis le printemps. Plusieurs facteurs d’incertitude expliquent ce retournement, parmi lesquels la situation sécuritaire, le climat social lié à La loi Travail et le Brexit. Ces facteurs ont pesé sur le moral des ménages et des investisseurs. En conséquence, la consommation a stagné depuis le printemps alors que l’investissement des entreprises et celui de l’État ont reculé. À cette déprime de la demande interne s’ajoute une récession inattendue de nos exportations vers l’Europe, même si elles commencent à progresser depuis quelques mois sans toute- fois effacer le retard du début d’année.

Des créations d’emplois inédites depuis 2007

La dégradation de la conjoncture a concerné principalement l’industrie et les activités liées au tourisme (hébergement et restauration). En revanche, certaines activités ont bénéficié d’un léger mieux comme le bâtiment qui renoue avec la croissance ou certaines branches des services comme l’intérim, les services aux entreprises et les télécommunications ou encore le transport. Ces activités à fort potentiel en emplois ont permis de redresser le marché du travail en 2016 alors que l’industrie continue à détruire des emplois. 150 000 créations nettes d’emplois marchands ont été enregistrées durant les trois premiers trimestres de 2016. Il faut remonter à 2007 pour retrouver un tel niveau de créations d’emplois.

Pourquoi les entreprises embauchent alors que la croissance est faible ?

Selon l’INSEE, la baisse du coût du travail a enrichi la faible croissance par des créations d’emplois plus importantes. En effet, le coût du travail n’a augmenté que de 1.2% en moyenne par an entre 2013 et 2016 contre 2.6% par an avant 2013. Mais d’autres éléments ont joué dans les décisions d’embauches, notamment l’amélioration de la situation financière des entreprises et surtout le retard de l’emploi par rapport au niveau de la production actuel. En effet, on a détruit trop d’emplois ces dernières années, si bien qu’une légère hausse de la production s’accompagne immédiatement par un besoin pressant en emplois. C’est là où la baisse du coût du travail joue son rôle en incitant l’entreprise à embaucher.

La baisse du salaire d’embauche : une aubaine pour les entreprises

Il faut préciser que la baisse du coût du travail ne s’explique pas uniquement par le CICE. La baisse du salaire d’embauche sous la pression du chômage fait baisser le coût du travail beaucoup plus fortement que le CICE. Dans certains métiers, le salaire d’embauche est inférieur de 15 à 20% par rapport à la moyenne dans ces métiers alors que l’effet du CICE sur le coût du travail ne dépasse pas 6% dans la meilleure des possibilités. Chez les cadres par exemple, le salaire d’embauche en 2015 est inférieur de 25% par rapport au salaire moyen des cadres en poste selon l’Apec. On assiste donc à un remplacement de grande ampleur des départs en retraite par des chômeurs ou des jeunes embauchés avec de faibles salaires. Rien qu’en 2015, le régime général comptabilise plus de 650 000 départs en retraite. Leur remplacement, aussi partiel soit-il, par des nouveaux entrants moins payés tire le salaire moyen vers le bas et fait augmenter les inégalités salariales.

Créations nettes d’emplois marchands (en milliers) Créations nettes d’emplois marchands (en milliers)